Newsletter 18 – Après la crise, là où il y a des hommes, il y a une exigence morale

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Le futur est à redéfinir
Confrontées à cette sortie de crise, les entreprises, aujourd’hui, mettent à contribution les plus belles intelligences pour analyser la situation, les risques, les opportunités, les enjeux, les réorientations possibles, les nouvelles stratégies, les redéfinitions de positionnement. Elles auront aussi à mettre en œuvre, inventer ou redéployer les moyens, mobiliser les ressources, susciter les motivations, partager les messages, bref redessiner un nouveau futur et identifier les voies pour y parvenir.
Ces intelligences solliciteront leurs propres capacités de vision, d’intuition, de raisonnement, d’imagination au service de ce futur et de sa mise en œuvre.
Parmi elles, qui sera garant, au-delà de l’efficacité, de l’originalité, de la pertinence économique et financière de la solution retenue, de sa justesse, c’est-à-dire de sa conformité tant dans le but que dans la nature des moyens, avec les valeurs de l’entreprise, des dirigeants, du corps social ?

La DRH y a une responsabilité particulière…
La DRH avant quiconque, doit incarner cette ambition du discernement, cette aptitude à reconnaître derrière les déclamations, les énoncés, les raisonnements, les postures, les ambitions, ce qui relève d’une volonté d’ennoblir l’homme ou de l’instrumentaliser, ou de ne pas en tenir compte.
Beaucoup disent que ces concepts « moraux » n’ont pas lieu d’être dans l’entreprise. Nous pensons au contraire qu’ils sont aujourd’hui incontournables. Là où il y a des hommes, il y a des exigences de morale plus ou moins clairement émises. La mission d’une DRH est d’en permettre l’expression, de les entendre et de veiller, dans notre société, à ce qu’elles soient prises en compte dans la définition du but et des moyens utilisés.

…celle du discernement…
Discerner, étymologiquement, c’est distinguer et mettre à part ce qui est juste de ce qui ne l’est pas, ce qui est bien de ce qui est mal et donc ce qui sert de ce qui utilise, ce qui valorise de ce qui dévalorise, ce qui grandit de ce qui diminue.
Exercer son discernement, pour une DRH, c’est alors d’abord afficher sa légitimité en la matière, faire savoir clairement à tous ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, identifier derrière les énoncés, les vraies raisons, les réels buts à promouvoir, et garantir que toutes les fins ne se valent pas et qu’aucune fin ne justifie n’importe quel moyen.

…qui se traduit par une exigence de clarté et d’honnêteté…
L’explicitation des réflexions, des politiques envisagées, des objectifs sous-tendus, comme des attentes formulées vis-à-vis du corps social, du management et de la direction est un impératif.
Si des décisions difficiles sont à prendre (productivité, réorganisation, suppression d’emplois…) elles doivent être clairement annoncées, expliquées. La nécessité doit en être partagée et les moyens d’y parvenir doivent être co-construits. La dignité de tous doit être sauvegardée et la sincérité en est une condition indispensable.
Les rendez-vous d’échanges dirigeants /collaborateurs doivent permettre, au-delà du bilan sur l’évolution de la situation au regard des objectifs poursuivis, de s’assurer du respect des promesses morales portées par le projet d’entreprise.

Dans l’entreprise post-Covid, le discernement est une qualité plus qu’essentielle de la DRH.

 

Pour aller plus loin…

« Discerner pour décider – Comment faire les bons choix en situation professionnelle »
Laurent Falque et Bernard Bougon – Editions Dunod – mai 2014

Pourquoi est-il si difficile de faire des choix ? De quelle façon la pratique du discernement permet-elle de lever des doutes, de sortir de l’indécision, de dépasser les faiblesses du libre arbitre ?
Étape importante dans le processus de décision, le discernement est la capacité de chacun à juger selon sa propre subjectivité. Illustré de nombreux cas concrets relatant des situations courantes en entreprise, cet ouvrage donne des repères pour prendre des décisions en accord avec ses valeurs. Il fait apparaître ce qui favorise ou perturbe les jugements établis, pour mieux prendre en compte le sens du travail, décider plus librement et en assumer la responsabilité.