Newsletter 17 – De la gestion des talents à la reconnaissance des aspirations et des aptitudes
A un monde plus fondamental, essentiel…
Les entreprises vont être confrontées à cette demande, de la part de collaborateurs qui ne sauront, dans un premier temps, exprimer surtout que ce qu’ils ne veulent plus, ou ne supportent plus. Elles devront être en mesure d’entendre ces requêtes, souvent mal formulées, dans leur intérêt bien compris, sous peine de perdre des collaborateurs en recherche d’engagement profond ou de conserver des salariés en proie au doute.
Mais l’écoute habituelle de salariés sensés savoir ce qu’ils désirent ne suffira plus ici, face à des besoins encore non décantés ou insuffisamment analysés, par ceux-là même qui les ressentent confusément. Les DRH devront, dès lors, mobiliser des ressources inédites, plus proches du développement personnel et de l’accompagnement coaching que du questionnement classique, pour amener le collaborateur à cette « introspection » lui permettant de préciser sa demande d’une juste place, là où il pourra être en ligne avec sa quête d’essentiel.
Les dispositifs existent, qu’il faudra enrichir : les entretiens professionnels, les diagnostics personnalisés, les outils de connaissance de soi, les assessments de développement, qui devront désormais savoir aborder, au-delà des classiques savoir-faire et savoir-être, le savoir-penser et le vouloir-être.
Qui ne dispensera pas d’une responsabilisation des acteurs ;
Mais une envie, fût-elle puissante et « existentielle », ne s’appuie pas forcément sur les aptitudes nécessaires à la concrétiser. Le collaborateur devra aussi savoir percevoir l’écart éventuel entre l’objectif rêvé et le coût induit, l’épanouissement espéré et les contraintes ou désagréments associés. Quelle démarche proposer alors, de renonciation, de réorientation ou de formation, pour transformer sans dommage ou concrétiser heureusement cette demande ? Comment aider sans déresponsabiliser, susciter sans suggérer, vouloir la réalisation des hommes sans dissimuler le réel ?
La capacité des entreprises, et notamment des DRH, à savoir détecter les vraies aspirations de leurs collaborateurs, profondes et souvent confuses, et à les traduire en motivation professionnelle mise en mouvement, propice à l’épanouissement des hommes et l’efficience des entités qui les emploient, sera probablement bien utile dans le monde qui vient.
« Qu’est-ce qu’une vie réussie ? », Luc Ferry, 2005
Editions Le livre de poche
Notre société nous incite à penser la « réussite » sur le mode du rêve éveillé. Rêves de possession : « On dirait qu’on aurait gagné à la loterie… » Rêves de séduction : nous voici – enfin – dotés de qualités sublimes, virtuoses d’un instrument dont nous n’avions jusqu’alors tiré que des sons crispants, champions d’un sport qui commençait à nous décourager, dotés à l’égard des autres de vertus insoupçonnées…
Pour répondre à la question de la « vie bonne », les sagesses anciennes invitaient les hommes à régler leur vie sur des principes transcendants. Elles voyaient, par exemple, en l’harmonie de la nature ou la splendeur du divin, des modèles à imiter. Longtemps encore après la « mort de Dieu », l’humanité a éprouvé le besoin de sacraliser des idéaux – la patrie, la révolution – pour donner un sens à l’existence. Ces objectifs s’estompent.
Ce livre évoque les grandes réponses que nos prédécesseurs avaient apportées, les vies idéales qu’ils avaient imaginées. Il montre ce qu’elles avaient de beau, de puissant et ce qu’elles pourraient nous apporter encore.
Mais, au-delà de ce récit, il propose une réponse nouvelle à cette antique interrogation. Il se peut bien, en effet, que notre monde laïque soit moins hostile aux transcendances qu’on ne le dit ; que nous inaugurions, sans bien y prêter attention, l’époque du réenchantement du monde.