Newsletter 37 – Syndrome de l’imposteur : poser un regard bienveillant sur soi-même

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syndrome imposteur

Le très fréquent syndrome de l’imposteur

Selon un sondage de Capital avec Management, la majorité des managers (60 % des hommes, 66 % des femmes) souffrent du « syndrome de l’imposteur » : un jour ou l’autre, en dépit de leurs bons résultats qu’ils imputent à la chance, leur entourage s’apercevra qu’ils ne méritent pas leur poste et que les qualités et les compétences pourtant réelles qu’on leur prête ne sont qu’illusions !

 

Quand cette carence en légitimité est massive, la psychologie l’attribue au(x) parent(s) de l’intéressé(e) : il y aurait eu défaillance dans la manifestation de cet amour inconditionnel auquel le bébé a droit, bien qu’il n’ait pas la moindre compétence sinon d’être complétement dépendant. La perception de cet amour « qui n’a pas besoin de se mériter » peut aussi s’étioler durant l’enfance, si les réactions parentales sont trop vives face à un mauvais bulletin scolaire ou devant une conduite inadéquate.

Autrement dit, l’estime de soi reste bien fragile lorsque, du fait d’une éducation bancale, on la croit entièrement fondée sur sa propre compétence. Plus tard, elle peut faire craindre que son N+1 réagisse comme cette figure parentale trop souvent déçue. Que ceux qui sont atteints de ce syndrome de l’imposteur réalisent donc qu’ils n’usurpent finalement que leur soi-disant rôle d’imposteur, accusation plutôt destinée à leur ascendance trop rétive à exprimer son amour inconditionnel !

 

Le doute est un bon signe d’humilité

Pour autant, convient-il d’être toujours pleinement sûr de soi et de ses réussites ? Exagérer sur ce point signale à coup sûr un manque d’humilité (ce que la psychologie renvoie alors à des humiliations infantiles mal digérées et dont le souvenir cuisant ne pourra être refoulé qu’au prix d’un parcours totalement successful).

Échapper à la prison de ses certitudes signale d’évidence une ouverture d’esprit prête à voir les choses d’un autre point de vue ou selon une autre grille de jugement. Cette ouverture d’esprit est déjà gage de tolérance et de bon accueil à la différence d’autrui. Car paradoxalement, il faut être suffisamment solide pour s’adonner au doute, ce qui revient à endurer son inconfort sans vaciller. Ce sera d’autant plus requis qu’en changeant de poste, on change souvent d’échelle et donc d’environnement.

On doit alors actualiser sa carte mentale car c’est une chose d’être roi d’une petite île (comme un directeur sectoriel) mais une tout autre chose de se retrouver soudain promu simple palefrenier dans un grand royaume (par exemple celui du corporate), au fonctionnement bien plus complexe… « Je ne sais que je ne sais rien », disait sagement Socrate, pour qui la saine conscience de son ignorance était le primordial tremplin vers la connaissance.

 

Se délivrer des preuves qu’on croit devoir faire

Selon l’effet Dunning-Kruger (du nom des psychologues américains qui en ont apporté la démonstration), la surestimation de sa compétence est plutôt caractéristique des personnes non qualifiées, alors que les personnes qualifiées sont enclines à considérer (surtout si elles sont autodidactes) que les prouesses qu’elles ont réalisées étaient facilement atteignables par n’importe qui d’autre. Cela donne à réfléchir et même à s’inquiéter en nos temps digitalisés où, sur les réseaux sociaux, tant de fake news sont immédiatement créditées par des quidam qui omettent de remettre en cause leur propre niveau d’expertise…

Comme l’a criminellement illustré l’affaire du véritable imposteur Jean-Claude Romand – qui préféra tuer toute sa famille plutôt que lui avouer qu’il n’était pas, depuis 18 ans, le brillant médecin-chercheur à l’OMS qu’elle croyait –, il importe un jour de se délester de la preuve que l’on croit devoir faire aux autres et plus encore à soi-même. L’obtention du succès lui-même devient tout relatif avec la maturité enfin capable de se demander : j’ai réussi, mais cet objectif avait-il vraiment un sens pour moi, portait-il mes valeurs-phares ?

Le goût de « la belle ouvrage » et le défi collectivement remporté avec la communauté d’objectifs à laquelle on appartient peuvent alors s’imposer en lieu et place d’une auto-valorisation narcissique enfin dépassée.

 

Pour aller plus loin…

syndrome imposteur

de Kevin Chassangre et Stacey Callahan, InterEdition. Pensez-vous que vous ne méritez pas vos réussites ? Que celles-ci sont le fruit de la chance ou en encore de vos relations ? Vous sentez-vous surestimé(e) par les autres ? Craignez-vous qu’un jour l’on se rende compte que vous n’êtes pas à la hauteur de vos succès, d’être démasqué(e) ? Vous souffrez alors du syndrome de l’imposteur, et il est grand temps de vous en libérer ! Grâce à de nombreux exercices, ce livre vous apprend à surmonter ce syndrome au quotidien et adopter une acceptation inconditionnelle de soi…
syndrome de limposteur 3
de Charles Pépin, 2018, Pocket, Prix Elina et Louis Pauwels 2017.
Et si nous changions de regard sur nos échecs ? Les succès viennent rarement sans accroc. Charles de Gaulle, Rafael Nadal, Steve Jobs ou Barbara ont tous essuyé des revers cuisants avant de s’accomplir. Relisant leurs parcours et de nombreux autres à la lumière de Marc Aurèle, saint Paul, Nietzsche ou Freud, cet essai nous apprend à réussir nos échecs. Il nous montre comment chaque épreuve, parce qu’elle nous confronte au réel ou à notre désir profond, peut nous rendre plus lucide, plus combatif, plus vivant. Un petit traité de sagesse qui nous met sur la voie d’une authentique réussite.