Newsletter 63 – Managers performants à l’esprit intranquille : réussir sans jamais vraiment s’apaiser

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manager intranquille

 

La performance pousse parfois à entretenir un état de vigilance permanente, jusqu’à devenir prisonnier de ses propres exigences. À force de viser toujours plus haut, certains managers oublient de reconnaître leurs réussites et d’accorder à leur esprit le droit de se poser. Prendre conscience de cette dynamique permet de retrouver un équilibre plus juste entre ambition et apaisement intérieur.

La passation perpétuelle d’un examen inquiétant

On a précédemment évoqué ici, article Syndrome de l’imposteur : poser un regard bienveillant sur soi-même, le fait que la majorité des managers (60 % des hommes, 66 % des femmes) souffrent du « syndrome de l’imposteur » : un jour ou l’autre, en dépit de leurs bons résultats qu’ils imputent à la chance, leur entourage s’apercevra qu’ils ne méritent pas leur poste et que les qualités qu’on leur prête ne sont qu’illusions !

Mais, outre ce fantasme d’illégitimité, y a-t-il d’autres raisons qui puissent expliquer que certains managers souffrent d’intranquillité ? Pourquoi leur réussite, pourtant incontestable, ne leur apporte jamais la satisfaction qui mettrait leur esprit au repos pendant quelques temps ? Certes, face à la concurrence dans un environnement toujours plus incertain, l’entreprise se doit d’être toujours sur le qui-vive et il est forcément bon que ses managers le soient aussi. Mais attention : point trop n’en faut car, en matière de tension intérieure aussi, c’est la dose qui fait le poison…

 

L’injonction de l’entretien annuel : toujours plus…

Par ailleurs, les objectifs parfaitement atteints au terme de l’année en cours enclencheront immanquablement l’exigence d’atteindre des objectifs encore plus ambitieux l’année suivante, sorte de tonneau des Danaïdes qui peut inquiéter. De quoi réveiller chez certains, l’angoisse infantile d’avoir, encore et encore, à passer un examen sans que ceux qu’ils ont déjà réussis garantissent le succès de ceux à venir.

Même fort des succès qu’il a remportés, le manager intranquille peut craindre d’atteindre tôt ou tard son plafond de verre. Si cette injonction extérieure se combine à l’injonction auto-produite par d’un tempérament vigilant et perfectionniste, gare à la casse ! Comment apaiser ce type d’individualités, pour leur bien-être personnel et pour que leur propre pression ne contamine pas leurs collaborateurs ?

 

Apprendre à recadrer son juge intérieur

Certains brillants intranquilles sont assiégés par leur juge intérieur. Au lieu d’évaluer leurs performances à l’aune des attentes de leur environnement, ils les jaugent comme résultant de leurs facilités et donc peu méritantes.

Si ce juge intérieur les dote d’un précieux talent de lucidité et d’exigence, il faut veiller à ce qu’il ne devienne pas abusif en suggérant, alors que le but a été atteint, qu’on aurait pu faire mieux, qu’on aurait dû faire plus.

Un coaching approprié les aidera à faire taire ce rabat-joie intime quand il dépasse les bornes en dépréciant leur accomplissement au point de ne plus pouvoir en tirer aucune satisfaction.

 

S’accorder des haltes pour profiter du présent

Toujours en tension vers l’avenir, le manager intranquille a toute chance d’être un prospectif invétéré. Comme le créatif ou le chercheur, il se projette sans cesse sur demain, anticipe avec proactivité des situations futures avec leurs promesses à saisir absolument et leurs risques à juguler.

S’il n’y prend garde, son appétit pour les prochains problèmes à résoudre, qui le mettent au défi stimulant d’investiguer et d’innover, peut se transformer en un champ de soucis qu’il cultive lui-même.

Même si l’entreprise est par définition toujours tournée vers l’avenir, il conviendrait qu’elle accorde des plages de temps minimales pour profiter de ce qui a été bien fait.

En célébrant avec son équipe les objectifs atteints et en recevant du feed-back positif de sa hiérarchie, un tel manager sera mieux à même d’admettre, comme dit l’adage, qu’à chaque jour suffit sa peine. Savourer un tant soit peu une réussite ponctuelle ne peut se vivre qu’au présent, en marquant le pas sur de brefs paliers réconfortants où on lâche enfin prise.

Et vous ? Êtes-vous de ces inquiets chroniques qui n’ont jamais trouvé le bouton « pause ? Êtes-vous pleinement conscients que vous compliquez votre ascension vers tel Everest si vous ne vous accordez pas le droit de faire halte à tel camp de base où reprendre son souffle en mettant chapeau bas face à tout le chemin déjà parcouru ?

 

 

Pour aller plus loin…

apprendre bienveillanceApprendre la bienveillance envers soi-même et se libérer de ses comportements négatifs, du Dr Céline Tran, 2025, Odile Jacob, 256 p.

Ressentez-vous parfois que vos réactions sont disproportionnées ? Vous est-il déjà arrivé d’agir contre votre volonté en prenant une décision inverse de celle que vous souhaitiez ? Vous sentez-vous parfois être votre propre adversaire, pratiquant l’autocritique ou l’autodétestation ? Plutôt que de rester prisonnier de ces comportements négatifs, vous pouvez cultiver la bienveillance envers vous-même et devenir la personne que vous désirez véritablement être.

C’est l’objectif de ce livre. Vous pourrez déjouer ces comportements impulsifs qui vous font souffrir avec la thérapie des schémas, puis vous découvrirez les moyens d’agir avec plus de discernement et de sagesse pour mener une existence plus satisfaisante.  « Avec finesse, une grande clarté didactique et des exemples illustratifs, Céline Tran donne de la thérapie des schémas une vision précise, large et complète » estime le Professeur en psychiatrie Bernard Granger.