Newsletter 22 – Trouver du sens dans sa vie au travail

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L’entreprise a-t-elle une responsabilité sociétale ?
En septembre dernier, le président du MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux disait au micro de France Inter : « La demande de nos concitoyens vis-à-vis de l’entreprise est beaucoup plus forte que ce qu’il pouvait y avoir lieu dans les années 1970. On est un peu sorti, sans s’en rendre compte, de la théorie de Milton Friedman : « Une entreprise, c’est là pour faire des profits et le reste suivra ». Les Français considèrent que l’entreprise a beaucoup de choses à apporter (…) Le niveau d’exigence pour résoudre des problèmes beaucoup plus larges que ceux de l’entreprise (sur l’intégration par exemple) est assez fort. »
À en croire le patron des patrons, l’entreprise serait en passe de prendre pleinement conscience de sa responsabilité sociétale… En quoi consisterait-elle ? Bien évidemment à renforcer la citoyenneté de ses salariés, ce qui ne serait après tout qu’une juste contrepartie à l’immense pouvoir d’influence qu’elle exerce sur la nation et une appréciable contribution contre la montée inquiétante des populismes.

Des collaborateurs français de plus en plus absents et pas assez engagés
Pour renforcer cette citoyenneté, Il semble aller de soi que l’entreprise doit tout d’abord traiter chaque collaborateur en adulte responsable, respectable et motivé à contribuer au projet collectif. Le fait-elle vraiment ? C’est ce que mettent en doute l’accroissement constant de l’absentéisme pour maladie d’origine psychique en lien avec le travail et l’abaissement continuel du niveau d’engagement du salarié français, un des moins hauts en Europe . Maintes solutions à ces maux ont été tentées depuis des décennies, souvent au prix de lourds investissements, mais elles sont restées sans effet. Le bon sens en conclut qu’on ne s’est pas attaqué aux bonnes causes. Il est urgent de changer d’angle.

Oser interroger la conception de l’homme concrètement véhiculée par l’entreprise
Ce nouvel angle consiste à vérifier si les pratiques de l’entreprise sont bien en cohérence avec le discours qu’elle affiche quant à sa conception de l’humain. Hélas, trop de dysfonctionnements attestent du contraire et sont sources de comportements soit dégradants soit infantiles, parmi lesquels : pression aveuglément relayée le long de la chaîne hiérarchique créditant la prétendue distinction supérieurs/inférieurs, évaluation trop individualisée des résultats et mise en compétition malsaine des collaborateurs, organisation confuse et déresponsabilisante, contrôles stérilisants, réunions inutiles, prises de décision trop éloignées des opérateurs concernés et donc dévalorisantes, formations ennuyeuses et n’éduquant pas assez aux justes comportement managériaux, accord injustifié de privilèges et passe-droits, le tout sur fond d’abus de pouvoir de la Direction financière et d’inculture des dirigeants en matière d’avancées des sciences humaines appliquées au management.

Pour des DRH enfin en situation d’accomplir leur mission
Un livre vient de paraître pour jeter un salutaire pavé dans la mare : Pour une Entreprise humanisante. Logothérapie et management de Henri Gillet (Librinova). Fort de ses quarante années d’expérience managériale dans une grande entreprise de service, l’auteur recense et décrit minutieusement les dérives comportementales et structurelles de l’entreprise, que tout manager reconnaîtra parce qu’il en a forcément commis et/ou subi plus d’une. Pour mieux comprendre les mécanismes destructeurs de la dignité et de l’estime de soi, il invite à se saisir d’un nouvel outil, la logothérapie de Viktor Frankl, qu’il applique de façon convaincante à la bonne marche de l’entreprise : l’humain a besoin de trouver un sens à sa vie, y compris à sa vie au travail. Tant que l’entreprise française ne déclinera pas dans ses pratiques quotidiennes le discours humaniste qu’elle revendique officiellement en tant qu’actrice essentielle de la société, elle découragera ses salariés qui en souffriront et/ou se désengageront, ce qui ne concourt ni au profit ni à la citoyenneté. Une nouvelle mise en cohésion s’impose, qui ne peut être actée que par une DRH dotée des bons moyens et enfin hissée à son vrai rang : celui de garant moral de l’entreprise.

Pour aller plus loin…

« Pour une entreprise humanisante – Logothérapie et management » – Henri Gillet
Edité par Librinova – 10/09/2020

Dans l’entreprise française du XXIè siècle, l’absentéisme pour maladie d’origine psychique en lien avec le travail ne cesse de croître sans qu’aucune des réponses apportées parvienne à endiguer ce mal.
L’auteur nous invite à faire un détour par la logothérapie de Viktor Frankl pour comprendre que chacun a absolument besoin de trouver un sens à sa vie, y compris sa vie professionnelle.
Dans cet ouvrage inspirant, Henri Gillet partage une nouvelle vision du domaine professionnel, qui permet à tout un chacun de repenser son rapport au travail, et plus globalement sa vie.