Newsletter 35 – Comment retrouver du sens dans son travail quand on ne croit plus au travail ?

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La perte du sens qu’on donnait encore hier à son travail

Jusqu’à la crise du covid-19, on manageait les collaborateurs en les considérant comme des individus qui donnaient du sens à leur travail par l’intérêt, voire le plaisir, qu’ils y trouvaient.

De ce fait, la mission implicite du manager était d’aider chacun à être bien dans son travail pour qu’il puisse le faire au mieux.

Si complexe fût cet objectif et même si sa mise en œuvre n’était pas forcément aisée, la ligne de comportement qu’il fixait au management et à la DRH était alors claire. Car la plupart du temps, le collaborateur parvenait à exprimer ce qu’il attendait de son travail et de son environnement : de l’intérêt et du plaisir, qui donnaient du sens à son activité et à sa place dans l’entreprise.

La confusion apparue durant les deux dernières années

Les impacts de la pandémie ont sensiblement modifié la relation des collaborateurs à leur travail, sans pour autant qu’ils aient été en mesure d’en identifier eux-mêmes les causes et les effets, à savoir :

> la mise en place d’une bonne part de télétravail, qui a détruit la précédente continuité de relation avec les collègues, les managers et les clients ;

> l’insupportable paradoxe entre le discours portant aux nues certains métiers, sans que rien ne vienne concrètement remédier au découragement de ceux qui les pratiquent ;

> la vie sociale et personnelle perturbée ;

> la dissolution des anciennes certitudes quant à l’importance relative accordée aux différents facteurs de vie (santé, habitat, orientation de carrière…).

Dès lors, il devient d’autant plus difficile pour les managers et les DRH de concourir au bien-être de collaborateurs que 1) ceux-ci ne parviennent plus à en définir les contours autrement que par la négative (ce qu’ils ne veulent surtout plus) et que 2) l’encadrement, déjà en peine de satisfaire les besoins des autres, est lui-même confronté aux mêmes interrogations.

Comment retrouver du sens dans son travail quand on a perdu le sens du travail ?

 

Restaurer la qualité de l’Être pour continuer d’assurer la qualité du Faire

Restabiliser l’être en entreprise pour redonner de bonnes conditions à son faire productif, tel est le nouvel équilibre que le monde du travail est sommé d’inventer. Comment accompagner ceux, nombreux, qui traversent cette phase de transition ? Comment éviter que leurs remises en cause, quand elles sont poussées à l’extrême, infligent destruction à l’individu ou désertion à l’entreprise ?

Les anciens savoir-faire des RH, qu’ils soient dispensés en interne ou par des prestataires externes, ne suffiront pas à réaligner compétences, tempéraments individuels et valeurs personnelles révisées.

Le psychologisme ambiant des dernières décennies – qu’il ait puisé dans le positivisme, l’humanisme, l’exigence du bonheur…  – n’est peut-être pas pour rien dans le désarroi actuel.

 

L’entreprise doit et peut contribuer à résoudre l’actuelle crise des valeurs

Alors que la reprise économique est au rendez-vous, l’entreprise subit actuellement une crise des valeurs individuelles qui peut lui être fort dommageable. Si elle n’a pas vocation à être seule à la résoudre, elle peut y participer. Elle a son rôle à jouer en permettant à chacun de se réapproprier la co-construction de collectifs harmonieux.

Pour que les consciences se ressaisissent, pour que la sérénité puisse réémerger, il lui revient de rétablir un contexte sécurisé et convivial, où le bon sens quotidien n’exonère pas de répondre à une quête de sens plus profonde. Celle-ci réclame qu’on réhabilite des valeurs telles que : intégrité, modestie, dévouement, sincérité, entraide, maîtrise de soi, modération, exemplarité… Dirigeants, managers et DRH ont l’impérieux devoir d’être conscients de cette mission et de l’exercer en tout premier lieu sur eux-mêmes.

Car, ainsi que l’écrivait Viktor Frankl, fondateur de l’Analyse existentielle et toujours aussi d’actualité : « Ce qui caractérise notre temps est la nécessité pour chaque homme de retrouver ses valeurs, de les réinventer, dans une démarche de liberté et de responsabilité ».

 

Pour aller plus loin…

virtuel vertueux virtuose

sous la direction de Vanessa Barros, 2021, Publishroom
Ce livre né dans la crise pour appréhender les enjeux de la réorganisation soudaine du travail dans l’entreprise, est écrit avec la confiance prospective que de nouveaux modes de leadership et de conduite de l’entreprise sont possibles et souhaitables. Au milieu de la frénésie que suscitent les confinements et les incertitudes économiques, il offre des repères pour tenir la barre dans la tempête et des sources d’inspiration pour choisir de nouveaux caps.
entreprise humanisante
L’auteur nous invite à faire un détour par la logothérapie de Viktor Frankl pour comprendre que chacun a absolument besoin de trouver un sens à sa vie, y compris sa vie professionnelle, ce qu’entravent les dysfonctionnements relationnels et organisationnels de l’entreprise française. Y remédier impliquera de nouveaux comportements au travail, mais aussi une autre organisation. Dans cette perspective, la Direction des Ressources Humaines verra sa responsabilité grandie et renouvelée, car c’est à elle de concrétiser l’engagement humaniste. Dans cet ouvrage inspirant, Henri Gillet partage une nouvelle vision du domaine professionnel, qui permet à tout un chacun de repenser son rapport au travail, et plus globalement à sa vie.