Newsletter 19 – A la rentrée, comment renouer le lien et recréer l’envie ?

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Après le télétravail, un retour en entreprise à la peine
Quelle entreprise, aujourd’hui, n’est pas confrontée à cette situation générale, sanitairement difficile, économiquement périlleuse, et socialement délicate avec des salariés qui ont pris goût au télétravail, à la souplesse des horaires, à l’autonomie, à une articulation plus harmonieuse pro-privé, à la dispense de pénibilité des transports, et qui semblent n’accepter de revenir en entreprise qu’avec réticence, faisant douter de leur volonté de réintégrer une communauté de travail, dont on se demande si elle existe encore ?
Quelle DRH, de nos jours, n’a pas pour obligation principale de mettre en place des mesures qui permettent à peu près de travailler, et qui ne puissent pas subir les foudres du CHSCT ou de la médecine du travail ?
Quels managers, à l’heure actuelle, n’ont pas pour consigne de développer d’urgence l’activité commerciale en réduisant drastiquement les coûts ?

Le risque du retour de la pression
Toutes ces directives, et ce qui en découle en terme de contraintes, d’exigences, de prescriptions, présentent le risque de générer ce qui était naguère considéré comme la pire des gouvernances, quoique trop souvent pratiquée, le management par la directivité, par l’autorité, par l’impatience, par la pression.
On sait combien ce mode de management, qui peut produire des résultats immédiats, est dommageable en terme de climat et de relations de confiance, seuls garants de résultats réels dans la durée. Ne constitue-t-il pas le risque ultime de rompre un lien entreprise-salariés déjà malmené et distendu ?

Et ses conséquences délétères sur la relation avec le salarié
La situation de stress qui prévaut en ce moment en bien des endroits de l’entreprise peut nuire à l’exercice de la lucidité, de la réflexion, de la prise de hauteur nécessaire à la compréhension de ce processus vicieux : la nécessité vécue comme impérieuse d’obtenir de rapides résultats économiques, dans un contexte de contraintes inédites, peut engendrer un management par la pression, générant de l’insécurité, de la perte de confiance mettant à mal la fragile relation avec les salariés qu’il faudrait au contraire reconstituer.
Le défi est redoutable pour les DRH et managers. Comment traduire cette exigence forte pesant sur chacun en comportements générateurs d’envie de se réinvestir dans son métier, de réintégrer une équipe, de réussir collectivement, de prendre des initiatives, d’y trouver un plaisir et une énergie compensant les pénibilités logistiques retrouvées ?

Seul un appel optimiste à contribuer à un projet commun permettra de convertir une pression stressante en envie de se retrouver et travailler ensemble.
Un peu de distance et de réflexion lucide nous amène rapidement à comprendre que la DRH comme le management doivent vivre et présenter la mission qui leur échoit, le respect des mesures sanitaires pour les uns, le développement commercial pour les autres, non comme une fin, mais comme une contrainte nécessaire à la seule finalité acceptable par tous, l’épanouissement des collaborateurs dans la mission qui leur est confiée, en favorisant la coopération, l’initiative, la responsabilisation, l’autonomie, la fierté, la dignité, la confiance.
Ceci demande à ces mêmes DRH et managers de réelles qualités d’intelligence, de sang-froid, de maîtrise d’eux, de gestion du stress. Ils doivent prendre le temps de la conscientisation du défi auquel ils sont confrontés, défi traditionnel pour ce niveau de fonction, mais rarement porté à ce niveau d’acuité.
Ils devront construire ensemble les messages, les comportements, les actions, visant à hisser leurs collaborateurs au même niveau de compréhension des situations, en faire un projet collectif d’autant plus mobilisateur qu’il est délicat, pouvant générer d’autant plus de fierté, d’épanouissement qu’il est difficile.
Les appels « au sang et aux larmes » qui connurent leurs heures de gloire ne sont plus crédibles pour avoir trop servi. C’est sur l’aspiration de tous à être considérés comme des adultes mâtures, responsables, solidaires, respectés qu’il faut jouer, avec courage et sincérité. C’est l’appel à l’optimisme réaliste et la force du collectif à l’œuvre qui doit prévaloir sur l’agitation des menaces et la tentation de la mise en compétition.

L’entreprise est en effet, ou devrait le devenir, ce que la nation était pour Ernest Renan, « un collectif solidaire forgé par les engagements passés et ceux qu’on est disposé à faire encore ».

 

Pour aller plus loin…

« Ces liens qui nous font vivre – Eloge de l’interdépendance »
Rébecca Shankland et Christophe André – Editions Odile Jacob – Janvier 2020

Nous avons plus que jamais besoin les uns des autres.
Avancer ensemble nous rend plus heureux et plus à même de faire face aux difficultés de la vie.
Recevoir et accorder du soutien sont autant d’occasions de resserrer les liens et cet échange est bénéfique tant à celui qui donne qu’à celui qui reçoit.
L’interdépendance positive contribue à donner du sens à notre existence et favorise la relation avec les autres.
La conscience d’être interdépendants facilite l’engagement et rend la vie sur cette planète plus belle.
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