Newsletter 14 – Le virus et l’extraverti

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Le virus et l’extraverti

Cher collègue et néanmoins ami, j’ai été touché par tes récentes confessions d’introverti solitaire. J’ai mieux compris qui tu étais vraiment, en te lisant, qu’en te saluant à la va-vite tous les matins de notre déjà longue coopération. Sache, en retour, que ta façon d’être, ta réserve, la distance que tu préserves, ton sérieux, ta rigueur, m’ont parfois refroidi, limité, mais m’ont permis aussi, par la confiance que tu inspires, de laisser s’exprimer mon imagination, ma capacité d’initiative, de libérer mon audace. Il est vrai que ta conscience me permet une certaine inconscience créative.

Tu avais bien pressenti combien cette période de confinement pouvait m’inquiéter, voire m’effrayer. Plus de rencontres, de réunions formelles ou informelles, de rires, de discussions ! Comment trouver du plaisir de vivre, cantonné devant son écran, ses mails et ses tableaux Excel ? Même les sorties, dûment règlementées, sont attristantes : les quelques personnes croisées, avec qui j’ai envie de converser, changent de trottoir 50 m à l’avance, et ne me regardent pas de peur que je m’approche pour leur parler et ainsi risquer de les contaminer. Même les policiers que je rencontre, à qui j’ai envie de manifester ma sympathie reconnaissante, me jettent des regards soupçonneux. Que fais-je dehors d’indispensable ? A qui sourire, avec qui plaisanter, quand vous semblez être un délinquant ou un contamineur en puissance ?

Mais après quelques jours, cet ennui qui naissait de cette pauvre uniformité relationnelle a stimulé notre imagination, généré des idées, suscité des initiatives : les réunions, bilats, ou points projet ont vu fleurir les invitations sur Zoom, Skype, Face-time, Webex ou Hangouts, les briefs du matin se sont transformés en « café TEAMS », les temps d’oxygénation virtuelle remplacent les petits déjeuners thématiques, les vidéos et images créatives et humoristiques envahissent nos messageries…pour faire sourire et maintenir la relation à tout prix. Et peu importe, voire vive les interruptions ou perturbations, vécues comme autant de stimulations qui viennent mettre de la vie, du rythme et de l’humain dans cette distanciation sociale. Prendre des nouvelles de relations professionnelles ou d’amis négligés ou oubliés, organiser des apéritifs WhatsApp, participer à des manifestations sonores et qui nous relient : autant d’aubaines pour échanger et se sentir vivant.

J’ai craint un temps que cette expérience d’enfermement allait étouffer mon naturel ; il s’exprime désormais autrement.
Cher collègue introverti, compagnon éloigné de confinement : Jennifer B. Kahnweiler nous représente ensemble, dans son ouvrage « The Genius of Opposites » comme une association heureuse de celui qui voit mieux de loin avec celui qui distingue mieux de près. Pour prolonger l’allégorie, ne sommes-nous pas aussi l’attraction et la densité, l’onde et la matière, l’humanisme et l’humanité ?
Hervé Lauwick donna cette définition de l’ami : « c’est quelqu’un qui vous connait bien, et qui vous aime quand même ». Cette période aura permis de mieux nous connaitre, nous comprendre et de mieux nous apprécier.

 

Pour aller plus loin…

« Deviens qui tu es », Geneviève Cailloux, Pierre Cauvin, 2018
Editions Souffle D’or Eds – collections Chrysalide

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